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Aravane Rezaï, nouveau leader du tennis français ?

Posted in WTA Tour par Roland Richard sur 17 Mai 2010
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Source : Wta.com

 

Remporter Madrid, c’est remporter un très grand tournoi féminin !

Aravane Rezaï (photo, à g.), c’est un nom que l’on va beaucoup citer la semaine prochaine dans le monde de la petite balle jaune. La Française, 24ème mondiale la semaine passée et à présent 16ème, a tout simplement remporté l’un des tournois les plus importants de l’année en-dehors des quatre Grands Chelems.

Contrairement au circuit ATP où les quatre levées du Grand Chelem sont relayées par neuf masters 1000, le WTA Tour a hiérarchisé différemment ses compétitions. On dénombre quatre « Premiers Mandatory » qui ont lieu respectivement à Paris, Miami, Madrid et Pékin. Ensuite, la WTA compte quinze tournois « Premiers » d’importance moindre par rapport à ces quatre majeurs. Donc, si l’on pousse l’analogie avec l’ATP, on pourrait dire que le circuit féminin comporte dix-neuf Masters mais avec quatre d’entre-eux à la fois plus importants mais aussi obligatoires pour toutes les joueuses bien classées. Là encore, c’est une différence fondamentale d’avec les tennismen bien placés au classement technique pour qui huit des neuf masters sont obligatoires (Monaco étant facultatif).

Une fois ceci posé, on comprend le caractère décisif de remporter un Premier Mandatory tel que Madrid. Et c’est l’exploit que vient de réaliser la jeune Aravane Rezaï (23 ans), bousculant la hiérarchie et renvoyant à leurs gammes des joueuses aussi talentueuses que chevronnées, telles que Justine Hénin (battue au premier tour), Jelena Jankovic (écartée en quarts) ou Venus Williams (photo, à d.). L’aînée des Williams a en effet subi la loi de Rezaï sur la terre battue espagnole.

Une Française qui a battu deux Top 10 et une ex-numéro un durant le tournoi

Vaincre l’ancienne numéro un mondiale, finaliste de l’Open d’Australie en janvier et quadruple vainqueur de Roland Garros, Justine Hénin pouvait être entrevu comme une performance d’un jour. Mais en éliminant la récente finaliste du Premier de Rome en quarts de finale, Jelena Jankovic (4ème mondiale), Aravane Rezaï a confirmé qu’elle n’était pas là par hasard.

Sa finale contre l’exceptionnelle Venus Williams (sept titres en Grand Chelem) a été à l’image de sa semaine ibérique, remarquable. Après avoir infligé un sévère 6-2 à l’Américaine qui pointe à la deuxième place mondiale ce lundi, elle a dû batailler pour s’imposer dans la seconde manche. Menée 1-4 puis 3-5, elle est parvenue, à 4-5 pour Williams, à sauver six balles de break qui étaient autant de balles de set… Une envie, une ténacité et une abnégation dignes des plus grandes championnes. Et, comme le disait Julien Carrasco sur Eurosport.fr, qui n’est pas sans rappeler les sœurs Williams elles-mêmes.

Car Rezaï n’a pas tout à fait le style de jeu qui fait habituellement merveille sur terre battue. Certes, la jeune Française frappe fort mais cela fait longtemps et ça n’avait pas réussi, jusque là, à ébranler les meilleures. Rezaï a effectivement perdu du poids, c’est visible. Elle peut ainsi se déplacer bien plus rapidement et imposer son style à peu près n’importe où, un peu à la manière de ce qu’avait fait Marion Bartoli en 2007 pour se hisser en finale de Wimbledon. Mais on doit avant tout retenir la hargne qui l’a habité durant tous ces matchs âpres.

Un mental hors-normes au service d’un jeu puissant

Au-delà donc d’un jeu à plat, fondé sur un service à risque (souvent moins de 65% de premières durant le tournoi) mais terriblement efficace dans les jeux déterminants, Aravane Rezaï a su varier du fond du court pour offrir une véritable alternative à son jeu puissant avec un jeu plus « terrien », celui d’un lift très appliqué.

Lorsqu’on mentionne enfin la singulière régularité avec laquelle elle s’est approchée des lignes notamment contre Venus, on a la recette de son succès. En somme, Aravane doit encore apprendre à davantage casser le rythme de ses adversaires car elle en rencontrera, ponctuellement, des plus puissantes qu’elle. Ou peut-être pire, des joueuses comme Elena Dementieva qui maîtrisent absolument tous les coups du tennis et qui risquent de la faire déjouer. Mais loin de moi l’envie de la critiquer, Aravane a su élever son jeu d’une manière exceptionnelle. Certes, elle a surtout insisté sur un jeu puissant du fond du court, trouvant des zones très précises et jouant juste tactiquement (notamment sur le revers de Venus) mais aucune de ses adversaires, parmi lesquelles il y avait au moins deux grandes stratèges (Hénin et Jankovic), n’a réussi à contrer ce jeu régulier et dominateur.

Aravane maîtrise tant et si bien le jeu du fond du court et avec une telle opiniâtreté qu’elle me fait penser à David Ferrer chez les messieurs ou bien à Serena Williams chez les dames. Elle a donc un potentiel formidable qu’elle pourrait bien transcender pour atteindre un stade élevé en Grand Chelem. Coup de chance ou destinée, c’est à Madrid, ultime tournoi relevé sur terre battue avant Roland Garros que la Française a remporté sa première grande victoire internationale et son troisième titre WTA (après Bali et Strasbourg l’an passé).

Evidemment, on risque d’entendre parler d’Aravane comme la potentielle première jeune femme française depuis Marie Pierce à être capable d’atteindre la finale de Roland Garros (2005). Mais il faudra surtout l’encourager, lui laisser du temps, la soutenir quoiqu’il arrive et essayer, tant que faire se peut, de ne pas lui mettre davantage de pression que sa future popularité ne va déjà le faire…

Maintenant, fêtons dignement cette victoire dans l’un des quatre sous-Grands-Chelems féminins de l’année et espérons que la nouvelle leader du tennis français féminin est née puisqu’Amélie Mauresmo a pris sa retraite et que Marion Bartoli refuse de facto ce statut… En tous les cas, réjouissons-nous, Alizée Cornet aura également moins de pression sur sa surface de prédilection dans quelques jours puisqu’Aravane Rezai partagera l’attention avec elle. Les deux nouvelles stars de l’équipe de Fed Cup mèneront peut-être, à présent, le tennis français féminin comme Amélie et Nathalie (Dechy) le faisaient il n’y a encore pas si longtemps…

L’émission de LTS, « Roland Garros avant Roland Garros »…

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  1. […] de trois ans (juillet 2007). Et l’arrivée sur le devant de la scène d’Aravane Rezaï avec une victoire à Madrid, l’un des quatre « Masters » féminins (n.d.l.r. le WTA Tour est organisé en Grands Chelems […]


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