La Tribune du Sport


La concurence Armstrong / Contador

Posted in Vie du Peloton par Jean Giraud sur 6 décembre 2008

Concurrence et régulation des conflits : le cas Armstrong / Contador

Imaginez rien qu’un instant la réaction d’un gardien phare de l’équipe de France de football à 6 mois de la Coupe du monde, l’objectif de sa vie, alors même qu’il a fait un quasi sans faute depuis qu’il a pris la succession de son prédécesseur, doit-il accepter le retour dans l’équipe de ce prédécesseur, véritable légende de son sport ? Comment réagirait il ?

La question de la concurrence dans les sports par équipe se pose avec acuité tous les jours et une des qualités principales demandées à un entraîneur est de savoir gérer les susceptibilités des différents joueurs et entretenir une concurrence saine et loyale.
Dans beaucoup de sports, la concurrence est un moteur car elle conduit à de l’émulation qui tire le groupe vers le haut mais elle est aussi nécessaire devant les calendriers surchargés.
Mais dans d’autres cas la concurrence est source de conflits en pagaille, notamment quand se produit une trop forte individualisation du sport. Les joueurs ont intérêt à tirer l’affiche vers eux, à s’approprier une part de gloire au détriment de l’équipe.

En cyclisme, peut-il y avoir plusieurs stars dans une équipe ? La profusion de leaders est-elle salutaire ou est-ce un handicap ?

Règle n°1 : Une équipe peut comporter plusieurs leaders du moment que leurs objectifs ne se croisent pas. Ne pas avoir des objectifs identiques.

La règle générale est que le leadership peut être partagé du moment que chacun n’empiète pas sur le territoire de l’autre.
Exemple : la cohabitation à la Quick Step de Boonen et Bettini ne pose pas problème car ils visent des courses différentes qui ne demandent pas les mêmes qualités. Par contre, l’existence de deux leaders de classique wallonne que sont Bettini et Schumacher n’a pas été toujours simple à gérer pour le directeur sportif.

Règle n°2 : Si plusieurs leaders cohabitent sur une même course, le directeur sportif a le choix entre deux systèmes.

L’équipe peut faire le choix d’un leader unique, l’ordre étant donné à tous les mécontents d’aller se faire cuire un œuf. C’est souvent la méthode la plus efficace sur le moment car il n’y a pas d’hésitation, tout le monde doit travailler pour le chef. Par contre, si le leader a la moindre faiblesse (une fringale, un coup de moins dans un col, un contre la montre raté etc.), il y a des risques de mutinerie. Cette solution est souvent celle des managers un peu autoritaires ou de ceux ayant un chouchou parmi les leaders.
Mais l’équipe peut aussi délibérément choisir de ne confier le leadership à personne ! Sera leader celui qui sera le mieux placé pour gagner. Cette solution est beaucoup plus flexible car elle permet de jouer sur plusieurs tableaux (exemple : le leader n°1 part en échappée pendant que le leader n°2 reste dans le peloton). En revanche, ne pas choisir est synonyme d’indécision et de flottements souvent éliminatoires. Il n’est pas toujours facile de déterminer qui est objectivement le mieux placé et cela peut aboutir à la création de clans chacun inféodés à un patron.

Quel système doit utiliser Astana ? Armstrong et Contador pourraient-ils se contenter d’un rôle de porte bidon ? Peuvent-ils cohabiter ?

Laisser un commentaire